Villejean résiste aux vio
Enquête

Villejean résiste aux violences

24 Février 2022


Le Major Freddy Gest met de l’huile dans les rouages 


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Observateur privilégié du quartier, le Major Gest occupe le poste de Délégué Cohésion Police Population, (DGPP). Un poste où il veut « être utile, améliorer le vivre ensemble, éviter la répression en alertant les auteurs sur des problèmes sans avoir recours à une réponse pénale ».
Le quotidien du Major Gest, c’est la « prise de la température » auprès des commerçants.
Le quotidien du Major Gest, c’est la « prise de la température » auprès des commerçants.

Huit jours par mois

Natif de Crozon, Freddy Gest a exercé en région parisienne et à Brest. Il est arrivé à Rennes en 1998, où il a exercé comme responsable de la brigade canine. Il intervient sur trois quartiers : Villejean, Beauregard  et Saint Grégoire, à raison de huit jours par mois pour l’ensemble de sa zone d’intervention.

C’est un volume horaire particulièrement restreint pour exercer pleinement sa mission : « mettre de l’huile dans les rouages ». Sur son poste, il peut se réapproprier quelques-unes des missions de la police de proximité, et donc « prévenir les incivilités, résoudre les problèmes du quotidien (hygiène, tapage…), faire de la médiation et créer du lien entre les services de l’Etat ». Freddy Gest commente «Si un policier était affecté 7 jours sur 7 à faire ce que je fais 8 jours par mois, il serait très occupé ! »
 
Son intervention est très cadrée
 
Sa mission démarre par des signalements de ses collègues ou des démarches de la population. « La première étape part de la déclaration des publics. Si le problème est constaté sur un immeuble appartenant à un bailleur social, je fais appel au service de tranquillité Médiaction ; si c’est un bailleur privé, j’enregistre la plainte et vais à la rencontre des fauteurs de trouble », reprend Freddy Gest. Si le désordre persiste, il rédige une mention de service.

La troisième étape est déclenchée par le dépôt de plainte, qui amène le lancement d’une procédure judiciaire. « On voit les parties, on les convoque si besoin. Chaque cas est particulier. Il ne faut pas prendre parti, mais avoir du recul, tendre à l’objectivité ». Le Major connait bien les causes de violences : le confinement et son influence sur la santé mentale des populations les plus fragiles, l’augmentation de la pauvreté, la présence d’une population étudiante nombreuse, le désarroi de familles nouvellement arrivées dans un contexte et un fonctionnement social très différent de leur origine...
 

Occupé par des fonctionnaires de la police nationale retraités, jusqu’à leurs 65 ans révolus dans le cadre d’un contrat spécifique, le DCPP est recruté sur sa carrière, pas sur une formation particulière. Il dépend directement du Directeur départemental de la Sécurité publique.
 
« Je fais plus de prévention... »
 
« Les tapages et trafics entraînent des conflits de voisinage. Les affrontements entre bandes de jeunes, de plus en plus jeunes (12-15 ans), le plus souvent pour des rivalités amoureuses, entraînent des dérapages sérieux. Je m’interroge sur l’influence des réseaux sociaux et des jeux vidéo qui amènent une certaine indifférence aux blessures et à la mort, puisqu’à la fin de la partie, le joueur ressuscite. »

Le quotidien du Major Gest, c’est la « prise de la température » auprès des commerçants, sur le marché. « Je fais plus de prévention que de répression. » Une présence discrète mais efficace et reconnue par les habitants : il reçoit « pas mal de manifestations de satisfaction car les conflits se résolvent à 40% ». L’étape suivante viendra peut-être de la réflexion menée par la mairie avec les bailleurs sociaux et les services municipaux pour interagir auprès des personnes désignées par une plainte.

Clotilde Chéron

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